Des tests de masse décentralisés et peu onéreux grâce à une nouvelle technologie

Des scientifiques développent une méthode hautement spécifique de détection des anticorps du SARS-CoV-2 dans le sang séché qui permet de réaliser des tests en masse à domicile.

Des scientifiques développent une méthode hautement spécifique de détection des anticorps du SARS-CoV-2 dans le sang séché qui permet de réaliser des tests en masse à domicile.

Etant donné qu’un nombre important de personnes infectées par le SARS-CoV-2 ne présentent que de légers symptômes ou sont asymptomatiques, beaucoup d’infections ne sont absolument pas détectées par les tests (antigéniques et PCR). Un dépistage est néanmoins essentiel pour mesurer la progression effective du virus et de ses variants, et déterminer son mode de propagation ainsi que le nombre de personnes ayant véritablement été exposées.

A l’EPF de Lausanne, Sebastian Maerkl et son groupe de recherche ont mis au point une procédure fiable qui permet de tester à peu de frais la présence d’anticorps spécifiques du SARS­CoV-2 dans de nombreux échantillons de sang. Cette information est importante pour suivre l’évolution temporelle de la pandémie.

De par leur manipulation aisée, les échantillons de sang séché sont particulièrement adaptés à une détection à large échelle de la propagation du SARS-CoV-2. Chacune et chacun étant en mesure d’utiliser à domicile un kit d’autoprélèvement, leur collecte ne nécessite pas de recourir à un personnel spécialisé. Une petite piqûre au bout du doigt suffit pour obtenir une minuscule goutte de sang, qui est ensuite recueillie dans un récipient et commodément envoyée au laboratoire par voie postale.

Appelée nanotest immunologique à haut rendement, cette méthode sensible et spécifique permet d’analyser en parallèle 1024 échantillons de sang séché en vue de détecter des anticorps contre le
SARS-CoV-2. Une petite équipe de deux personnes a déjà analysé plus de 3200 échantillons de sang et réalisé ainsi plus de 24 000 tests immunologiques.

L’an passé, cette nouvelle méthode été mise en pratique avec succès. Les groupes de recherche de Silvia Stringhini et d’Isabella Eckerle ont mesuré la propagation du coronavirus chez les enfants de deux à quatre ans, à la fois au début et à la fin de l’année scolaire, mais aussi au moment des différents pics de SARS-CoV-2. La méthode a en outre été utilisée dans le canton de Vaud dans le cadre de l’étude SérocoViD qui visait à déterminer la part de la population ayant développé une réponse immunitaire contre le coronavirus suite à une infection.

Grâce à leur approche, les scientifiques permettent de simplifier et de décentraliser les prélèvements d’échantillons de sang. De tels tests sérologiques de masse peuvent s’avérer utiles pour lutter contre le SARS-CoV-2. Dans ce contexte, il conviendrait qu’un programme de suivi de la séroprévalence soit élaboré avec la Confédération et les cantons. Cette méthode peut en outre être adaptée aux nouveaux variants du virus, comme Omicron, et étendue en prévision à d’autres pandémies. Elle peut ainsi être utilisée de manière générale pour détecter les biomarqueurs protéiniques d’autres pathologies.

Description du projet: Nouvelle technologie pour sérologie à large échelle

Swank Z, Michielin G, et al. A high-throughput microfluidic nanoimmunoassay for detecting anti–SARS-CoV-2 antibodies in serum or ultralow-volume blood samples. PNAS May 4, 2021 118 (18). DOI: https://doi.org/10.1073/pnas.2025289118External Link Icon

Lorthe E, Bellon M, et al. Epidemiological, virological and serological investigation into a SARS-CoV-2 outbreak (Alpha variant) in a primary school in Geneva, Switzerland: a prospective longitudinal study. SEROCoV-Schools Study Group. medRxiv 2021 10.26.21265509. DOI: https://doi.org/10.1101/2021.10.26.21265509External Link Icon